différences entre cuisine chinoise et thailandaise

Les différences entre cuisine chinoise et thaïlandaise

La cuisine chinoise et la cuisine thaïlandaise sont deux univers complètement différents. La première cherche l’équilibre et l’harmonie des saveurs, la seconde mise sur le contraste et l’explosion en bouche. Aromates, sauces, techniques de cuisson, philosophie culinaire : tout les oppose. Je vais te montrer comment je les distingue maintenant, après des années à les confondre comme un idiot.

Deux histoires culinaires, deux philosophies

La cuisine chinoise, c’est 4000 ans d’histoire. Elle s’est construite autour de la philosophie du yin et yang, de l’équilibre des cinq saveurs (sucré, salé, acide, amer, umami). Chaque plat recherche l’harmonie parfaite où aucun goût ne domine les autres.

La cuisine thaïlandaise est bien plus jeune et métisse. Elle est née des échanges commerciaux : les Portugais ont apporté les piments au 16ème siècle, l’Inde a influencé les currys, la Chine a transmis les techniques de wok. Selon le ministère de la culture thaïlandais, seulement 30% des plats « traditionnels » existaient avant 1800. C’est une cuisine qui assume son ADN fusion et cherche le choc des saveurs plutôt que leur équilibre.

Les techniques de préparation

Une des spécificités de la cuisine chinoise réside dans ses méthodes de préparation et de cuisson.

Le wok est souvent utilisé pour sauter les aliments à feu vif et ainsi conserver leur croquant.

D’autres techniques comme le bain-marie, la cuisson à la vapeur ou encore la friture sont fréquemment employées dans la réalisation de plats traditionnels chinois.

cuisine chinoise caracteristiques

Les ingrédients de base : comment je les reconnais maintenant

Les aromates qui changent absolument tout

Quand je cuisine chinois, j’utilise toujours les mêmes trois ingrédients de base : ail, gingembre et oignon vert. C’est simple, c’est épuré. Parfois j’ajoute du poivre du Sichuan quand je veux du piquant (ce truc qui engourdit la langue, c’est dingue), mais la fondation reste minimaliste.

Pour mes plats thaïs, je sors carrément la moitié de mon frigo :

  • Citronnelle (que je pile comme un malade)
  • Galanga – ce cousin brutal du gingembre qui sent le pin
  • Feuilles de combava pour cette odeur d’agrume dingue
  • Coriandre racine que je lave trois fois parce qu’elle est toujours pleine de terre
  • Basilic thaï au goût anisé

Je te jure, rien qu’à l’odeur sur mes mains après avoir préparé une pâte de curry, je sais dans quel univers je suis. C’est impossible à confondre.

La sauce qui m’a fait comprendre la différence

Pendant des années, je mettais de la sauce soja partout. Grosse erreur. En Chine, oui, la sauce soja est reine. J’ai appris qu’il existe plus de 200 variétés régionales (merci une étude de l’université de Pékin). Je garde maintenant trois bouteilles différentes chez moi : la claire pour assaisonner, la foncée pour la couleur, la sucrée pour caraméliser.

Mais en Thaïlande ? J’ai mis trois ans à comprendre que c’est la sauce de poisson (nam pla) qui domine. Cette odeur puissante qui te prend au nez la première fois, je l’ai détestée. Maintenant je ne peux plus m’en passer. J’utilise aussi de la pâte de crevettes – ce truc violet qui sent la marée et qui fait toute la différence dans un pad krapow.

Le piment : ma leçon douloureuse

Les Chinois (sauf au Sichuan et Hunan) utilisent le piment avec parcimonie. J’ai un pote de Shanghai qui met une larme d’huile pimentée dans son bol, pas plus. C’est un condiment, un accompagnement.

Les Thaïlandais mettent le feu partout. J’ai encore le souvenir cuisant de mon premier som tam à Bangkok. J’ai demandé « niveau local » comme un con. Le piment bird’s eye thaï atteint 100 000 unités sur l’échelle de Scoville. Un jalapeño ? 8 000. J’ai pleuré devant la vendeuse. Elle a ri. Maintenant je demande toujours « niveau touriste » et j’assume.

Les techniques que j’ai dû apprendre différemment

Le wok : j’utilise le même, mais pas du tout pareil

Quand je fais chinois, je pousse le feu à fond. Je recherche le « wok hei » – ce goût fumé qui vient d’une cuisson ultra-rapide. Mes légumes restent croquants, mes morceaux de poulet gardent leur jus. Je suis dans le speed, tout se joue en 3-4 minutes max.

Pour mes currys thaïs, mon wok devient une casserole. Je fais mijoter pendant 20 minutes minimum. Par contre, j’ai investi dans un mortier en granit (le khrok). Piler une pâte de curry pendant 20 minutes, j’avoue que c’est chiant. J’ai testé mon Thermomix pour aller plus vite : le goût n’a rien à voir. Le mortier écrase et libère les huiles, le mixeur hache. Je suis revenu au mortier.

Le riz : mon indicateur qui ne ment jamais

Je fais mon riz gluant dans un panier vapeur en bambou. Je le mange avec mes mains, je forme des petites boules. C’est thaï à 100%. La première fois que j’ai fait ça devant ma famille, ils m’ont regardé bizarrement. Maintenant ils adorent.

Mon riz chinois, je le fais dans mon rice cooker classique. Long grain, bien séparé. Je l’ai raté pendant des mois au début – il collait comme de la glu. Le secret ? Le ratio eau/riz et surtout laisser reposer 10 minutes après cuisson. Chaque grain doit être distinct.

Comment je reconnais au premier goût maintenant

Cuisine chinoise : je ferme les yeux et je distingue chaque ingrédient. Dans mon bouillon de wonton maison, je goûte d’abord le porc, puis les crevettes, puis le gingembre arrive en dernier. C’est une construction en couches. Je trouve ça presque méditatif.

Cuisine thaïlandaise : tout me frappe simultanément. Mon tom yum préféré (celui que je commande systématiquement au resto thaï du coin) m’explose en bouche avec le sucré, le salé, l’acide et le piquant en même temps. C’est un chaos organisé. Les premières fois, j’ai trouvé ça agressif. Maintenant j’adore cette violence maîtrisée.

Le Dr. Kasma Loha-unchit, une référence en cuisine thaï, explique que cette recherche de « contraste dans l’harmonie » est unique. J’ai lu ses livres, ça m’a fait comprendre que je cherchais la mauvaise chose : pas l’équilibre chinois, mais le choc contrôlé.

Mon erreur de débutant qui m’a tout appris

Pendant deux ans, j’ai traîné dans les cuisines d’un resto sino-thaï rue de Belleville à Paris. Le chef, un Chinois marié à une Thaïlandaise, m’a montré un truc qui m’a scié : il utilisait deux frigos différents. Littéralement. Un pour chaque cuisine.

Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu : « Essaie de faire un pad thaï avec du gingembre au lieu du galanga, tu verras. » J’ai essayé chez moi. C’était dégueulasse. Même punition quand j’ai voulu remplacer la sauce de poisson par de la sauce soja dans un curry vert.

Cette séparation physique des ingrédients m’a fait tilter : ce ne sont pas deux variations, ce sont deux langages culinaires qui ne se parlent pas.

cuisine thailandaise caracteristiques

Les pièges que j’ai appris à éviter

Ma règle perso : je vois de la noix de coco dans un plat salé ? C’est thaï à 99%. Mon curry massaman sans lait de coco, c’est comme un couscous sans semoule. Impossible. Les Chinois utilisent la noix de coco uniquement en dessert.

J’ai longtemps cru que les nems étaient chinois. Raté : ils sont vietnamiens. Maintenant adoptés partout, certes, mais j’arrête de les utiliser comme référence.

Par contre, je me fie aux raviolis : les dim sum chinois sont délicats, vapeur, avec des pâtes ultrafines que je n’arrive toujours pas à faire correctement. Les gyoza qu’on trouve en Thaïlande sont plus épais, souvent frits. Ça ne trompe pas.

Comment je choisis maintenant

Je commande chinois quand je veux du réconfort après une journée de merde. C’est ma madeleine de Proust asiatique. Des textures variées, de la subtilité, pas de violence. Je me pose devant mon bol de nouilles au bœuf braisé et tout va mieux.

Je commande thaï quand je veux me réveiller. Un lundi matin où j’ai besoin d’un coup de pied au cul, je me fais un pad krapow qui me fait transpirer. Ça déclenche les endorphines. C’est mon café version bouffe.

Mon vrai conseil : j’évite les chaînes. Je vais dans les petits restos tenus par des Chinois ou des Thaïlandais. Mon test perso ? Si je ne comprends pas au moins 30% de la carte, c’est bon signe. Mon resto thaï préféré a un menu en thaï avec des traductions approximatives en français. La dame ne sourit jamais. La bouffe est incroyable.

Ce que j’aurais aimé savoir avant

La prochaine fois que quelqu’un te dit « c’est pareil, c’est asiatique », tu peux sourire. Moi aussi je pensais ça. Pendant des années.

Maintenant, quand je sens une pâte de curry en préparation, je sais immédiatement où je suis. Quand je goûte un bouillon et que chaque saveur arrive en séquence, je reconnais la patte chinoise. C’est devenu instinctif.

Les aromates, les sauces, les techniques, la philosophie : tout les sépare. Et franchement, c’est tant mieux. Ça me fait deux univers culinaires à explorer au lieu d’un seul. Je ne confonds plus jamais un pad thaï avec des nouilles sautées chinoises. Et toi non plus maintenant.

Total
0
Shares

Articles liés